Je viens finir l’installation d’une exposition de mi-DSRD (Diplôme Supérieur de Recherche en Design) dans la galerie de l’ESAD Orléans où j’étudie et enseigne. Elle sera visible jusqu’au 3 mars, dans les horaires d’ouverture de l’école. Le travail de recherche en création du collectif Kairos formé par Eva Vedel et Amélie Samson y est également présenté. J’ai voulu montrer les différentes étapes de conception et de création des albums, afin de mettre en évidence la dimension artisanale qui n’est pas évidente lorsque l’on voit l’objet fini.
Les matrices (ou typons) ayant servi à réaliser les images des albums sont épinglées au mur. Ce sont eux les vrais originaux, l’image finale étant uniquement réalisée à l’étape du traitement numérique puis de l’impression. J’ai utilisé des épingles de coutures qui ne sont malheureusement pas très résistante mais qui permettent de rendre compte de la fragilité des feuilles non-encadrées telles que je les vois la plupart du temps. Cela permet de ne pas trop élever artificiellement une étape intermédiaire du dessin tout en la rendant visible.
La composition au mur s’inspire de la manière dont je visualise la totalité de l’album à l’étape du croquis. Afin d’avoir une image physique du chemin de fer, je place au sol ou sur mon lit les planches pour avoir une idée de l’articulation de l’ensemble et des doubles-pages. Ici, j’ai choisi de montrer les dix premières doubles-pages des cinq livres publiés. Nilou et Afia sont montrés à l’étape du croquis élémentaire où l’on peut encore voir les multiples hésitations de poses ou de décor ainsi que les ébauches des textes. Ce sont des feuilles de papier recyclé. Neso est montré à l’étape de l’esquisse, qui me permet de fixer les traits “finaux” en vue de la réalisation des matrices. C’est à cette étape que je donne des indices de couleur qui vont guider mon découpage en couches lors de la mise en calque. Oola et Bibir sont montrés à l’étape finale selon deux modalités différentes: J’ai sélectionné quelques calques de chaque image d’Oola tandis que j’ai superposé les quatre calques pour els images de Bibir. Un espace lecture et rangement met à disposition les cinq premiers albums consultables sur place. Les cubes de bois ont été réalisés à l’école et peints en cyan, magenta et jaune pour les signaler sur le sol gris. J’aurais voulu placer un tapis pour délimiter le sol mais les catalogues de fournitures en matériel périscolaire ne m’a pas convaincue tandis que les éditeurs grand public ne sont pas assez sobres. La petite taille des cubes invite les visiteurs adultes à se rapprocher de la position d’un enfant, pour qui la lecture est souvent une occasion de s’étaler sur le sol. Grâce à l’éditrice Céline Ottenwaelter, j’ai pu exposer de nombreux documents témoignant des nombreuses modifications de texte et d’image tout au long de la production de l’album. Les épreuves abondamment annotées des albums sont également visibles, ainsi que des impressions de mails. J’ai souhaité mettre en évidence de manière linéaire l’articulation entre les outils numériques et leurs tâches spécifiques (smartphone, tablette ou encore ordinateur) dans la chaîne de création. Je montre le travail des matrices par superposition de calques à l’aide d’une tablette lumineuse. Chaque étape est accompagnée d’un cartel expliquant en premier l’action réalisée de manière générale (qui pourrait être commune à tout illustrateur au-delà de sa technique propre) puis en gras la manière concrète que j’ai mis en place. Le site Dollar Street, un outil de visualisation des inégalités dans le monde que j’ai utilisé dans la composition des mes images sur la recommandation d’Esther Duflo, est consultable sur une tablette. Les multiples recherches préliminaires de personnage et d’univers sont accompagnées des carnets de croquis qui me servent à élaborer les storyboards.
Références
Site du projet Kairos: http://occ.esadorleans.fr/blog/2020/11/21/projet-kairos/
Site Dollar Street: https://www.gapminder.org/dollar-street
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante : Cheyenne Olivier (19 février 2023). À mi-parcours. Formes pauvres, forme riche. Consulté le 26 janvier 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/vmrc
